
Jérémy Lepeltier : des paddocks de F1 aux moteurs de TGV
Notre ingénieur pédagogique a travaillé pendant plus de dix ans au sein d’une grande écurie automobile. La raison de son arrivée au Technicampus du Mans ? Améliorer la performance des TGV.
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L’expertise de la course automobile au service du ferroviaire
En Formule 1, comme pour les TGV, ce sont souvent les petits détails qui font les grandes victoires. Cette maxime, Jérémy Lepeltier, ancien technicien dans une écurie automobile, la connaît bien. Raison pour laquelle notre ingénieur pédagogique a mis au point une nouvelle méthode de maintenance, synonyme de meilleure performance mécanique. Elle permet d’augmenter la durée de vie des pièces de moteurs de TGV.
Tout commence en 2014 quand notre agent, alors formateur au Technicampus1, est alerté par des stagiaires de la mise au rebut de nombreuses pièces comportant un taraudage2. Des pièces que Jérémy Lepeltier estime pourtant réparables. L’homme fait alors appel à son expérience de la course automobile où l’on utilise un « filet rapporté ». Cet élément cylindrique s'insère dans des pièces en aluminium ou en acier afin d’y accueillir la vis et permet ainsi de consolider la pièce dans laquelle il est installé. Mais cette solution est-elle applicable aux trains, des engins de taille et de poids bien supérieurs?
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2004
Technicien puis équivalent DPX³ durant 10 ans au sein d’une écurie automobile
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2014
Formateur en mécanique au Technicampus
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2019
Ingénieur pédagogique et de formations en mécanique et soudure
« Innover, c’est avant tout créer du lien »
Un groupe de travail est monté avec d’autres experts du Matériel, il aboutit à un « filet rapporté » adapté au ferroviaire. Une innovation très vite déployée au niveau national. « Ma présence au Technicampus a facilité la généralisation de cette solution » explique Jérémy Lepeltier. Un document de maintenance a depuis été rédigé pour l’ingénierie, des process d’application sont disponibles et 300 agents ont été formés à cette pratique.
Pour l’expert en performance mécanique, innover, c’est moins inventer une technique que partager les solutions. « C’est avant tout créer du lien, intégrer des évolutions tant dans le produit que dans le procédé et l’organisation», constate Jérémy Lepeltier.

Des gains économiques et écologiques
Et le « filet rapporté » ferroviaire de Jérémy Lepeltier porte ses fruits. Aussi, en seulement trois ans, l’idée est devenue une innovation déployée sur quelque 22 séries d’engins moteurs TGV. Elle a engendré un gain d’un million d’euros pour SNCF4 et un indéniable bénéfice écologique, puisque les pièces vivent plus longtemps et sont désormais, lorsque c’est possible, réparées et non plus jetées.
Autant d’avancées qui permettent à SNCF de conforter sa pole position en matière de maintenance innovante.
1 Le Technicampus est le centre de formation continue de SNCF. Il est basé au Mans, dans la Sarthe.
2 Le taraudage correspond à la partie de la pièce dans laquelle s’insère une vis.
3 Dirigeant de proximité.
4 Montant estimé suite à l’application de cette nouvelle méthode de maintenance, aux moteurs tractions de 22 séries d’engins moteurs TGV en 2018.